Vivre avec un pervers narcissique : l’enfer au quotidien
Le pervers narcissique est un prédateur affectif extrêmement toxique. Séducteur, manipulateur, menteur, il fait vivre un véritable enfer à son ou sa partenaire. Pourtant, la victime met souvent des années à réaliser la gravité de la situation et à s’extraire de l’emprise.
Dans cet article, nous allons explorer :
- Les mécanismes de la manipulation perverse
- Les conséquences dévastatrices sur les victimes
- Les signaux d’alerte pour repérer un pervers narcissique
- Les étapes pour se reconstruire après une telle relation
Au cœur de la manipulation perverse narcissique
Le pervers narcissique est un prédateur redoutable. Sa stratégie est rodée, il applique toujours le même mode opératoire en 7 étapes :
- La traque de la proie : il observe la future victime parfois pendant des mois pour identifier ses failles, ses besoins affectifs
- La séduction intensive : une fois la proie dans son viseur, il déploie tout son charme, se montre attentionné, à l’écoute ; c’est la phase de love bombing
- La séduction de l’entourage : il s’attache également à charmer les proches, la famille, pour donner une image irréprochable
- L’isolement : une fois la victime amoureuse, il commence à la couper progressivement de ses proches, elle doit être entièrement dévouée à lui
- La dévalorisation insidieuse : petit à petit, il porte atteinte à l’estime de soi de la victime à travers des remarques, des critiques, du dénigrement
- Le cycle infernal : il alterne ensuite violence psychologique et affects ; la victime est déstabilisée en permanence
- La destruction : une fois qu’il a absorbé tout le potentiel narcissique de sa proie, il l’abandonne, brisée psychologiquement.
A. Le piège de la séduction
La phase de séduction est cruciale dans le processus de manipulation mis en place par le pervers narcissique. En effet, c’est à ce moment qu’il injecte à sa proie de puissantes doses de dopamine et d’ocytocine, hormones du plaisir et de l’attachement.
Pendant cette période, il est l’amant ou le compagnon idéal :
- Attentionné
- À l’écoute
- Charmeur
- Passionné
- Fou amoureux
La victime, flattée par cet intérêt, persuadée d’avoir trouvé l’âme sœur, s’abandonne corps et âme à cette relation. Elle est totalement sous l’emprise de son bourreau et ne se doute pas une seconde du piège qui se referme sur elle.
B. La phase de dévalorisation
Une fois que le pervers narcissique a assuré son emprise grâce à la séduction, il passe à la vitesse supérieure : la dévalorisation.
En effet, fragilisé par une estime de soi défaillante, le pervers a un besoin vital de rabaisser l’autre pour se grandir. Alors, par des remarques insidieuses, des critiques, du dénigrement, il sape méthodiquement la confiance et l’amour propre de sa victime.
Il lui reproche par exemple :
- De ne pas être assez belle, séduisante, bien habillée
- De ne pas être assez intelligente
- De ne pas être assez une bonne cuisinière, mère, amante…
- De ne pas partager ses opinions
- D’avoir des fréquentations qu’il n’aime pas
Peu à peu, ce travail de sape quotidien anéantit l’estime de soi de la victime, qui finit par douter d’elle-même et de toutes ses perceptions.
C. La violence psychologique
Outre la dévalorisation, le pervers narcissique a également massivement recours aux :
- Humiliations en public
- Insultes
- Chantage affectif
- Menaces voilées ou directes
- Accès de colère brutaux et destructeurs
L’objectif ? Déstabiliser pour mieux régner. En effet, la victime est tellement subjuguée qu’elle finit par marcher sur des œufs en permanence pour éviter de déclencher la foudre de son bourreau.
D. Le cycle infernal
La relation avec un pervers narcissique est marquée par un cycle en quatre temps bien rodé :
- Phase de tension
- Crise violente
- Phase de séduction
- Phase de lune de miel
Ce cycle permet au pervers de maintenir un climat de peur et de tension permanente propice à assoir son pouvoir.
Ainsi, la victime est condamnée à osciller sans fin entre la terreur des crises et l’espoir chimérique de retrouver le conjoint ou amant idéal des débuts.
Conséquences dévastatrices sur les victimes
Les relations avec les pervers narcissiques laissent des traces psychologiques indélébiles.
En effet, au fil du temps, les victimes sont littéralement détruites par :
- La dévalorisation quotidienne qui ruine l’estime de soi
- La violence psychologique qui génère stress permanent et anxiété
- La peur obsessive de déclencher une nouvelle crise
- L’isolement progressif
- L’épuisement et les troubles du sommeil
- Les troubles alimentaires
- Les dépressions, parfois avec idées suicidaires
- Le syndrome de stress post-traumatique
- Les troubles psycho-somatiques : maux de ventre, migraines, eczéma, chute de cheveux…
Il n’est alors pas rare que les victimes, à force de vivre un tel enfer, finissent par sombrer dans des comportements auto-destructeurs :
- Alcoolisme
- Toxicomanie
- Troubles alimentaires
- Automutilations
A. Dans la peau des victimes
Pour comprendre de l’intérieur les ravages causés par les pervers narcissiques, voici quelques témoignages poignants de victimes.
« Il m’a complètement détruite, je ne suis plus que l’ombre de moi-même. J’étais une femme épanouie, extravertie, pleine de vie. Aujourd’hui, je suis une épave, je n’ai plus aucune estime de moi, je me cache, je sursaute dès qu’une porte claque. J’ai tout perdu, mon travail, mes amis, ma joie de vivre. Il m’a volé ma vie. » Sophie, 3ans
« Je culpabilise énormément d’avoir fait subir ça à mes enfants. Mon fils est devenu violent et frappait ses camarades à l’école. Ma fille s’automutile. J’aurais dû partir bien avant, les protéger de ce monstre. » Laurence, 39 ans
Ce témoignage illustre combien toute la cellule familiale peut être impactée par la présence d’un pervers narcissique.
« Il m’a interdit de chanter sous prétexte que j’étais nulle et m’a fait perde confiance en moi au point que même aujourd’hui, deux ans après, je n’arrive toujours pas à sortir un son. J’ai un syndrome post-traumatique. » Sophie, 26 ans
Ici, on mesure combien le travail de destruction de l’autre conduit à des séquelles durables qui handicapent la victime dans son épanouissement personnel.
Repérer les signaux d’alerte
Certains signaux doivent alerter sur la dangerosité potentielle du partenaire :
- Charme suspect : méfiance si le séducteur parfait apparaît dès le début de la relation
- Possessivité excessive : s’il vous assaille de SMS et d’appels, qu’il veut tout savoir et tout contrôler
- Jalousie maladive : interdiction de voir vos amis seuls, questions insistantes sur vos ex…
- Remise en question insidieuse : sous couvert d’humour ou de sollicitude, il souligne régulièrement vos défauts
- Critiques dévalorisantes : sur votre physique, votre travail, vos fréquentations, vos opinions
- Colères explosivas : accès de violence verbale ou physique suivis de repentir outré
- Chantage affectif : il menace régulièrement de partir ou de se suicider si vous le quittez
- Retournements : un coup il vous adore, le lendemain il vous ignore ou se montre odieux sans raison
- Isolement progressif : il vous éloigne peu à peu de votre famille et vos amis
Plusieurs de ces éléments doivent alerter sur la dangerosité potentielle du partenaire.
Comment s’en sortir ?
Une fois l’emprise installée, il est extrêmement difficile de se dégager de la relation avec un pervers narcissique.
Pourtant, pour se reconstruire, il est impératif de « déprogrammer » les schémas mentaux induits par la manipulation perverse.
A. Les différentes étapes
Le chemin vers la guérison après une relation aussi toxique est long et douloureux. Il comprend généralement plusieurs étapes :
- Prise de conscience : réaliser que le partenaire est dangereux
- Séparation : rupture définitive
- Sevrage : affronter le manque et les idées noires
- Deuil : accepter de perdre les rêves d’avenir
- Reconstruction : réapprendre à s’aimer et à faire confiance
B. Les aides extérieures
Pour se libérer de l’influence toxique et retrouver un équilibre, il est essentiel de s’appuyer sur :
- Ses proches bienveillants
- Un psy spécialisé dans l’emprise mentale
- Les groupes de parole entre victimes
- Les associations d’aide aux victimes de manipulation
Le soutien d’un tiers est indispensable pour prendre le recul nécessaire et se réapproprier son libre-arbitre.
De même, le partage d’expérience avec d’autres victimes est une aide précieuse pour rompre l’isolement, comprendre que l’on n’est pas responsable et reprendre pied dans la réalité.
C. Les écueils à éviter
Attention cependant à certains écueils qui compliquent la guérison :
- Garder un espoir de retour et contacter régulièrement l’ex-partenaire
- Justifier ou excuser son comportement
- Se sentir coupable de l’avoir « abandonné »
- Vouloir lui faire payer au lieu de l’oublier
- S’isoler et ruminer seule de sombres pensées
- Sombrer dans l’alcool, la drogue ou l’automutilation
Ces réactions, pourtant fréquentes, ne font que prolonger l’emprise et l’influence toxique.
En conclusion
relation avec un pervers narcissique est une épreuve extrêmement violente et traumatisante.
Pourtant, malgré les blessures parfois inguérissables, la reconstruction est possible à condition de couper définitivement les ponts et de suivre une thérapie adaptée.
Surtout, il est essentiel que la victime comprenne qu’elle n’est en rien responsable et que le pervers narcissique est incapable d’aimer qui que ce soit.
Avec du temps, du soutien et beaucoup de self-care, une vie épanouissante peut renaître des cendres de l’enfer pervers narcissique !